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2015-10-20

Les catamarans traditionnels du projet MOANA NUI : leur histoire remonte à la nuit des temps...


 
Voici une carte de colonisation du Pacifique et des voyages des peuples océaniens (même jusqu'à Madagascar), avec les dates correspondantes :




Les premières navigations « hauturières » depuis les sous-continents Sunda (Asie du Sud Est) et Sahul (Australie/Océanie proche) sont attestées depuis – 35 000 AV JC (notamment entre le nord de l'Australie et la Paouasie).

Depuis – 50 000, et compte tenu de la situation favorable de la baisse du niveau des mers (période glaciaire), les premières traversées « à vue d'une terre » s'effectuaient déjà à bord de radeaux de bambou, probablement constitués de 4-5 troncs de bambous attachés ensembles. La pagaie étant constituée d'un tronc de bambou coupé dans le sens de la longueur, en « demi-lune » (ces apprentis-navigateurs inventant au passage le Paddle Board !..).


En haut : au début du 20ème siècle, un aborigène australien sur un radeau fait de bois de mangroves. Vers - 50 000 / - 30 000, les premières embarcations préhistoriques qui initièrent la conquête du Pacifique furent aussi simples que cela...
En bas : ces radeaux de bambous sont toujours utilisés en Asie du sud est, principalement pour la navigation fluviale.

Ces « apprentis navigateurs » des premiers âges tentèrent sans doute de s'abriter du soleil, et utilisèrent alors des feuilles de palmes ou autres feuilles larges, dont ils s'aperçurent qu'elles généraient de la vitesse additionnelle, lorsqu'on les fixaient sur le pont : la « voile » était née !

Pour assurer de la stabilité à leur radeau de bambou - qui entre temps devinrent des « coques » faites d'un tronc évidé – ils commencèrent à poser un flotteur d'un côté du tronc/coque. Le « Prao » était né à son tour !


En haut : Voilà à quoi ressemblait les première pirogues préhistorique "dugout" (creusée dans un seul tronc) avec balancier stabilisateur.
En bas : une feuille de palmier pour aider à la propulsion : la voile est née !.. Un procédé encore utilisé en Papouasie-Nouvelle Guinée.

Les feuilles de palmes brutes furent remplacées par des « voiles », tressées à la manières dont les femmes tressaient probablement leurs paniers.

Le pandanus tressé sera et restera le matériau le plus performant pour ces populations qui ne disposaient pas ni de lin, ni de coton.

Puis les embarcations se sophistiquèrent, au gré des l’expériences – et probablement des fortunes de mer !

Les Praos (qui « shuntent » leur voile de proue en poupe) donnèrent naissance aux pirogue à balanciers (qui « virent de bord », comme nos voiliers), et continuèrent à coexister avec eux.

Un "Camakau" des Fidjis, avec sa voile de pandanus tressée : voici à quoi ressemblaient les premières pirogues "d'explorations" qui s'élancèrent vers les terres inconnues toujours plus vers l'Est, depuis au moins 4000 ans avant J.C.
Il est la version Fidjienne de notre "Hama Tafua" (origine Tonga), et l'ancêtre du gracieux et performant "Drua" (voir plus bas).


Alors que les besoin de transport – de personnes, de marchandises – s'intensifièrent, le « balancier » se transformât en coque plus petite ou équivalente à la coque principale, transformant petit à petit ces embarcations en de grandes pirogues doubles à voile : le catamaran était né !






En haut : aux îles Samoas en 1910, quelques catamarans traditionnels de tailles moyenne (10-15 mètres) étaient encore entretenus, ancêtres lointains de nos catamarans occidentaux.
Au milieu : représentation artistique d'une flotte de catamaran "Pahi" des îles Marquises à l'époque des grandes migrations vers les différents points du triangle polynésien, vers 200 AV JC.
En bas : Début du 20ème siècle, une petite flotte de "Lakatoi" des pirogues de transport, était toujours en service sur les rives de Papouasie-Nouvelle Guinée.


La carte d'évolution des « designs » du Pacifique ancien (et au-delà...) d'après Hanneke Boon et James Wharram est très parlante à ce titre :



Les premiers occidentaux arrivés dans le Pacifique entre les 17ème et 18ème siècles ont pu constater l'utilisation de ces grandes pirogues doubles (double canoes).

Aucun élément ne nous permet de savoir depuis quand elles étaient utilisées.

Les scientifiques ne peuvent donc que faire des déductions en mettant en relation les dates de colonisation effectives des différentes zones du Pacifique, avec les distances à franchir pour les atteindre.

Les grandes distances transocéaniques commencent à la fin du premier tiers du Pacifique quand on se déplace d'Est en Ouest, c'est-à-dire, à peu près juste après la Papouasie-Nouvelle Guinée.

Ainsi, vers le nord-est, pour atteindre les Mariannes et/ou les Marshall (colonisées en -1600 et -1500 AV JC), il faut parcourir entre 1800 et plus de 2000 km d'océan vide depuis le nord de la Papouasie.
Idem pour la route d'Ouest en Est : il faut au minimum 1300 km pour atteindre les Fidji (colonisés en -1100 AV JC) depuis Vanuatu.

Cette distance n'est compatible avec une véritable colonisation/installation de population humaine conséquente que si l'on utilise de grosses embarcations capable « d'étaler mer », d'emporter des familles entières, des plantes, des animaux etc...


Les sientifiques datent donc l'utilisation de ces grandes pirogues doubles « de voyage » au minimum entre -1500 et -1100 AV JC.

Pour références, vers -1100 AV JC :

  • Egypte : dynastie des Ramsès
  • France : tout début de l'ère Celte
  • Angleterre : fin de l'érection du site mégalithique de Stonehenge
  • Domination des Phéniciens en Méditerranée
  • Fondation de la grande ville d'Athènes : - 800
  • Début de la fondation de Rome : - 753
  • David est Roi de Judée vers - 900
  • Amériques : les Mayas commencent leur stratification sociale qui mène à la civilisation Maya

Datation des pirogues du projet MOANA NUI :

Chaque pirogue de voyage du projet est originaire et spécifique d'une partie du Pacifique sud :

Le TONGIAKI :

Bateau de voyage et de transport, originaire des îles Tonga, il a évolué pendant des siècles, mais la forme de base de ses coques, sa voile « pince de crabe » très caractéristique du Pacifique, font penser qu'il s'agit du plus ancien design parmi les six pirogues du Pacifique du projet MOANA NUI.
Son profil laisse présager des performances importantes.
On peut dater son utilisation – ou l'utilisation d'un modèle légèrement moins évolué – à partir de – 1100.

Le VA'A TELE :

Bateau de voyage, le Va'a Tele, type ancien, est fin, rapide. Il dérive de deux pirogues des Samoa à balancier, l'Amatasi et le Soatau.
On notera a regarder sa proue que les peuples du Pacifique avaient pratiquement inventé le « bulbe ».
Cette étrave particulière sera reprise largement à Tahiti, sur tous les Te Pa'erua de transport et autre Va'a Motu à balancier inter-îles.
Datation : possiblement autour de – 1000.

Le PAHI de Tahiti :

Transport et voyage, cette superbe grande pirogue double est emblématique des grandes migrations Polynésiennes depuis les îles de la Société et son centre religieux, le Marae de Taputapuatea sur l'île de Raiatea (en phase de classification au patrimoine mondial de l'UNESCO), vers les trois points du triangle Polynésiens : Hawaii, Nouvelle Zélande et île de Pâques.
Ses voiles, soit « demi-pince de crabes », soit « Mailu claw » reservent de belles surprises en terme de performances.
On peut estimer le début de son utilisation vers -400 AV JC.

TUAMOTU PAHI :

Voyage et surtout transport, depuis les autres îles de Polynésie, plus fertiles, le Tuamotu Pahi a une apparence rustique, très « préhistorique ».
C'est sans doute le moins performant, mais aussi surement le plus manoeuvrable, compte tenu de ses deux mats bipodes très éloignés l'un de l'autre.
Utilisation depuis -400 / -300 AV JC.

PAHI des Marquises :

Très semblable pour sa forme de coque au Pahi de Tahiti, il a cependant deux caractéristiques propres :
. Un pont plus bas sur l'eau, permettant l'usage de pagaie, si besoin était, dans les calmes,
. Une voilure bien caracteristique, « pince de crabe », mais sans mat, juste deux « antennes » et gréément permettant de guider ses voiles comme des cerf-volants, avec juste un point de fixation sur le pont.
C'est la pirogue emblématique de la colonisation de Hawaii : la grande majorité des pirogues de voyages Hawaiiennes seront en fait de type marquisien.
Utilisation : depuis -200 AV JC.


DRUA des Fidji (et/ou Kalia des Tonga) :

Superbe pirogue double, amphidrome, avec une coque plus petite, toujours au vent, c'est sans doute la plus performante de toutes les pirogues du projet MOANA NUI.

Elle dérive directement des pirogues à balancier d'exploration et inter-îles Camakau des Fidji et autre Hama Tafua des îles Tonga, qui prééxistaient depuis au moins -4000 avant JC dans les zones de la culture Lapita (jusqu'à la Mélanésie), puis elle s'est développée principalement au Fidji, Tonga et même Nouvelle Zélande (comme le Tongiaki).

Pirogues « multirôles », les Druas étaient utilisées pour le transport, le voyage, mais aussi la guerre, puisqu'elle fût le « vaisseau de guerre » principal du fameux Empire Tongien « Tu'i Tonga » qui commença son expension sur tout le triangle Polynésien depuis +450 Après JC.
Elle pouvait emmener alors une centaine de guerrier, armés de lances et casse-têtes.
De véritables « flottes » de Druas sillonnaient alors le Pacifique, vers de nouvelles conquêtes guerrières.

Son origine remonte donc à très loin dans la « préhistoire » du Pacifique (sans doute aussi vers -1100 AV JC), mais sa forme aboutie, telle que présente dans le projet MOANA NUI, se développa probablement entre -400 et +450.

Et enfin :

L'HAMA TAFUA (de l'avant-projet) :

La 7ème pirogue du projet est bien plus petite, à balancier (pas de double coque) et mesurera 12 mètres.
L'Hama Tafaua est sans doute la plus « ancienne » des pirogues du projet.
L'existence de ce type de pirogue remonte sans doute au moins à – 4000 AV JC.
Elle est l'exemple type de la pirogue que les Navigateurs Océaniens utilisaient pour le cabotage et le transport léger inter-île (produit de pêche, denrées diverses).

Bien plus petite que les grandes pirogues doubles de voyage, très rapide et maniable avec peu de bras elle était aussi utilisée pour la découverte de nouvelles terres, toujours plus à l'Est.
Une poignée d'intrépide navigateurs s'élançaient alors à son bord depuis une île peuplée, et tentaient d'explorer d'autres terres, vers une direction choisie suivant différents indices environnementaux, ou bien encore suite à une divination.
Ils choisissaient toujours de partir à la limite d'une bascule de vents saisonniers contraires.
Ainsi, si aucune terre n'était trouvée, les navigateurs n'avaient qu'à patienter quelques jours en pleine mer afin que des vents saisonniers contraires mais favorables se manifestent et leur permettent de revenir à leur point de départ, leur île d'origine.

L'Hama Tafua originaire des Tonga, existe aussi aux Fidji, sous une forme plus éfilée nommée Camakau.

Les experts estiment que le Drua fidjien (qui fait parti de notre flotte de 6 grandes pirogues), dérivent directement de l'Hama Tafua dont il est la version « double coque ».

Reprenant sa fonction de découverte et d'exploration, l'Hama Tafua sera la pirogue « formatrice » de l'avant-projet MOANA NUI, celle sur laquelle nos « apprentis-navigateurs » seront formés et testés à tour de rôle, depuis la Polynésie française.

Elle n'aura par contre pas pour vocation de suivre la grande expédition, car sa construction, choisie pour être en « tout traditionnel », n'est pas compatible avec une certification « catégorie 1 », pas plus que ses aménagements, qui seront pour ainsi dire plus que sommaires, voir inexistant, se rapprochant au plus près des conditions de vie très spartiates qui devaient régner sur ces pirogues d'exploration lointaine.

Aller à : "L'Avant projet Hama Tafua : l'heure de vérité"
http://moananui.blogspot.fr/p/lavant-projet-hama-tafua-lheure-de.html








2015-09-15

Les Maître-Navigateurs Polynésiens et leurs Secrets

 
A l’image de ce tableau allégorique de Herb Kane (image centrale ci-dessus), le «Maître-Navigateur» représentaient beaucoup pour les sociétés du Pacifique ancien.




Il était celui sur les épaules duquel reposait la survie de tous, une fois en mer.

Véritable équivalant de l’ «Ariki» (le Roi, le Chef) à terre, tous se soumettaient à son autorité, une fois le pied posé sur la pirogue de voyage.

Car seul lui peut retrouver son chemin au milieu du vaste Océan. Seul lui maîtrise les techniques d’orientation, de navigation, mais aussi de survie en milieu marin.

Son rôle est différent du traditionnel «capitaine» ou «skipper» - qui est d’ailleurs placé sous ses ordres.

Son savoir s’étend souvent des techniques de construction des pirogues océaniques, aux techniques de navigation, jusqu’aux techniques de pêche ou de conservation des aliments en mer.

Pour ce qui est des techniques de Navigation pures, le «Maître-Navigateur s’appuie sur les éléments suivants :






1. Les étoiles : leur course dans le ciel - de leur levé à leur couché - définissent le cap à conserver.

La plus grosse des étoiles, le Soleil, fourni de jour les mêmes précieuses informations que les étoiles nocturnes.





 Dessin représentant schématiquement un pirogue traditionnelle polynésienne suivant «l’hameçon de Maui», qui lui donnera sa route jusqu’à Hawaii, laissant à sa droite et avant la Croix du Sud, et à sa gauche en arrière l’Etoile Polaire.



«Compas d’étoiles» : représentation moderne : les points cardinaux magnétiques y sont retrouvés, en face des points de levé des étoiles (avec leur nom polynésiens) leur correspondant


Mau Piailug, le grand Maître-Navigateur Micronésien qui guida la pirogue Hokule’a de Hawaii à Tahiti en 1976, enseignant à son fils la navigation astronomique à l’aide d’un «compas d’étoiles» en coquillages et coraux.



















le Maître-navigateur Hawaiien Nainoa Thompson enseignant la navigation aux étoiles à des étudiants. Il utilise ici un morceau de bois et sa propre main pour faciliter les mesures «horizon-soleil», par exemple.












Une «carte des courants» micronésienne : cet entrelacs de brindilles reproduit les courants dominants sur une zone géographique donnée.










2. Les vents et les courants : Les Maîtres-Navigateurs se familiarisent d’abord avec les vents et courants de leur région (groupe d’îles), puis ils commencent à étudier, en fonction des besoins de la communauté, les tendances des vents et courants sur de plus grandes distances.

Cette partie des savoirs des Maîtres Navigateurs est assez complexe, et les meilleurs d’entre-eux, rien qu’en s’asseyant à bord d’une pirogue, peuvent distinguer/sentir 5 ou 6 courants différents s’entremêlant pour composer une houle.

Cette connaissance des vents et courants prend le relais de la navigation nocturne aux étoiles : pendant la nuit, le Maître-Navigateur repère le sens des courant-vents dominants qui lui permettront de continuer à barrer dans une direction choisie malgré que les étoiles ne s auront plus visibles.

Cette navigations aux vents et aux courants sera également précieuse en cas de temps couvert.



 La houle réfléchie est un indice précieux de la présence proche d’une terre pour un Maître-Navigateur.


3. Les oiseaux et autres animaux : le vol des oiseaux terrestre pêchant en mer est un sérieux indice de la présence d’une terre.

A titre indicatif, un Fou de Bassan peut-être observé à 75 km d’une île, un Sterne à 35-45 km, et un Noddi à 20-30 km maximum. Ces oiseaux rentrant à terre le soir, ils donnent une bonne indication de direction et de sens à suivre pour trouver une île en «approche finale».

 Les migrations saisonnières des mammifères marins peuvent également servir d'indicateur d'une direction recherchée.

Mais d’autre animaux peuvent servir d’indices aux Maîtres-Navigateurs. Bien que l’efficacité et l’utilisation de ces indices ne soient pas réellement prouvés, les légendes polynésiennes ne cessent de parler de «Dieu-Requins» qui mènent les Navigateurs jusqu’à une île (plausible, puisque certains requins venant du large s’approchent des récifs la nuit pour y chasser), ou de Maître-Navigateurs suivant les migrations des baleines...






Le «Dieu-Requin mena-t-il les anciens Maître-Navigateurs jusqu’à des îles inconnues ?







Les anciens polynésiens utilisaient des feuilles de végétation ou des «flammes» de plumes d’oiseaux pour connaître la direction du vent.
Les Maître-Navigateurs faisaient aussi parfois poser de grosses noix de coco trouées au sommet des mats : en fonction de la direction du vent, la noix trouée «jouait» une note différente, permettant ainsi de connaître le sens du vent...


D’autres indices peuvent être utilisés par les Maître-Navigateurs comme l’état de décomposition de débris côtiers flottant à la surface (végétation : noix de coco, feuilles de palmier, etc...), ou encore du degré de salinité de l’eau de mer, à l’instar de cette peinture d’Herb Kane, montrant un vieux Navigateur aveugle testant le sens des courants et la salinité de l’eau.


4. Les Maîtres-Navigateurs du Pacifique ancien détenaient-ils un statut de type «chamanique» ?

La question reste ouverte, et devrait, à notre sens, mériter plus d’attention et d’études.

Plusieurs éléments vont dans ce sens :

. Tout d’abord le mythe largement répandu dans le Pacifique du demi-dieu Maui Marumanao, le «pêcheur d’île : la légende veut que Maui, perdu en mer, se mît à lancer une ligne avec un hameçon, puis, «tomba dans un sommeil profond».

Alors qu’il se réveillait, il tira sur sa ligne et pêcha une île sur laquelle il pu accoster.

On a ici la description claire de du demi-dieu Maui comme Maître-Navigateur, à la recherche d’une terre.

Le fait de «tomber dans un sommeil profond», ressemble plus qu’étrangement aux états de transe subite et volontaire, bien connues de la littérature ethnologique relative au chamanisme, la transe/perte de connaissance étant destinée à aller chercher dans une «autre dimension», sur un autre «plan de conscience», des solutions que l’on ne trouve pas à l’aide de la raison, de la logique, ou de ses cinq sens à l’état de veille.

. Un autre indice : les chamans Hawaiiens sont traditionnellement détectés très jeunes, à l’aide d’exercices mettant pratiquement toujours la recherche d’un objet caché n’importe où dans l’île. Seul un sens d’orientation inné surdéveloppé du jeune apprenti-chamane, lui permets alors de retrouver l’objet : des qualités également incontournables pour un jeune apprenti-navigateur.

. Aux îles Cook, de nos jours encore, certaines cérémonies traditionnelles précédant un voyage en mer, incluent une sorte de «sweat lodge» polynésienne, où un ou plusieurs membres d’équipage sont littéralement enfumés à l’aide de plante sacrées, et ce jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance.


Un rituels encore très proches des pratiques chamaniques que l’on retrouve un peu partout dans le monde, les chamans se lançant à la quête de «visions» à l’aide de plantes psychotropes, de fumigation, de «danses de transe», de tambours rythmés, où de tout autre moyen favorisant la «bascule» des sens vers une «autre réalité».

. Et bien d’autres indices encore nous amènent à rapprocher dans une certaine mesure, le statut de Maître-Navigateurs - celui qui «parle aux étoiles, aux vents, à l’Océan et aux animaux - , de celui de Chamane du Pacifique.

L’expédition MOANA NUI tentera de contribuer à apporter des réponses et éléments à cette hypothèse.




En tout état de cause, et à l’image de Nainoa Thompson le Maître-Navigateur Hawaiien de la pirogue traditionnel Hokule’a - accueilli ici triomphalement à Hawaii lors de son retour de traversée vers Rapa Nui (l’île de Pâques) - les Maître-Navigateurs jouissent toujours d’une aura, et d’une influence considérable, dans le Pacifique moderne, représentant les valeurs traditionnelles du passé, actualisées et adaptées aux défis du XXIème siècle.

Christophe Mercier - 28.08.2015