Voici
une carte de colonisation du Pacifique et des voyages des peuples
océaniens (même jusqu'à Madagascar), avec les dates
correspondantes :
Les
premières navigations « hauturières » depuis les
sous-continents Sunda (Asie du Sud Est) et Sahul (Australie/Océanie
proche) sont attestées depuis – 35 000 AV JC (notamment entre le
nord de l'Australie et la Paouasie).
Depuis
– 50 000, et compte tenu de la situation favorable de la baisse du
niveau des mers (période glaciaire), les premières traversées
« à vue d'une terre » s'effectuaient déjà à bord de
radeaux de bambou, probablement constitués de 4-5 troncs de
bambous attachés ensembles. La pagaie étant constituée d'un tronc
de bambou coupé dans le sens de la longueur, en « demi-lune »
(ces apprentis-navigateurs inventant au passage le Paddle Board
!..).
En haut : au début du 20ème siècle, un aborigène australien sur un radeau fait de bois de mangroves. Vers - 50 000 / - 30 000, les premières embarcations préhistoriques qui initièrent la conquête du Pacifique furent aussi simples que cela...
En haut : au début du 20ème siècle, un aborigène australien sur un radeau fait de bois de mangroves. Vers - 50 000 / - 30 000, les premières embarcations préhistoriques qui initièrent la conquête du Pacifique furent aussi simples que cela...
En bas : ces radeaux de bambous sont toujours utilisés en Asie du sud est, principalement pour la navigation fluviale.
Ces
« apprentis navigateurs » des premiers âges tentèrent sans doute de
s'abriter du soleil, et utilisèrent alors des feuilles de palmes ou
autres feuilles larges, dont ils s'aperçurent qu'elles généraient
de la vitesse additionnelle, lorsqu'on les fixaient sur le pont : la
« voile » était née !
Pour assurer de la stabilité à leur radeau de bambou - qui entre temps devinrent des « coques » faites d'un tronc évidé – ils commencèrent à poser un flotteur d'un côté du tronc/coque. Le « Prao » était né à son tour !
Pour assurer de la stabilité à leur radeau de bambou - qui entre temps devinrent des « coques » faites d'un tronc évidé – ils commencèrent à poser un flotteur d'un côté du tronc/coque. Le « Prao » était né à son tour !
En haut : Voilà à quoi ressemblait les première pirogues préhistorique "dugout" (creusée dans un seul tronc) avec balancier stabilisateur.
En bas : une feuille de palmier pour aider à la propulsion : la voile est née !.. Un procédé encore utilisé en Papouasie-Nouvelle Guinée.
Les
feuilles de palmes brutes furent remplacées par des « voiles »,
tressées à la manières dont les femmes tressaient probablement
leurs paniers.
Le
pandanus tressé sera et restera le matériau le plus performant pour
ces populations qui ne disposaient pas ni de lin, ni de coton.
Puis
les embarcations se sophistiquèrent, au gré des l’expériences –
et probablement des fortunes de mer !
Les
Praos (qui « shuntent » leur voile de proue en poupe)
donnèrent naissance aux pirogue à balanciers (qui « virent de
bord », comme nos voiliers), et continuèrent à coexister avec
eux.
Un "Camakau" des Fidjis, avec sa voile de pandanus tressée : voici à quoi ressemblaient les premières pirogues "d'explorations" qui s'élancèrent vers les terres inconnues toujours plus vers l'Est, depuis au moins 4000 ans avant J.C.
Il est la version Fidjienne de notre "Hama Tafua" (origine Tonga), et l'ancêtre du gracieux et performant "Drua" (voir plus bas).
Un "Camakau" des Fidjis, avec sa voile de pandanus tressée : voici à quoi ressemblaient les premières pirogues "d'explorations" qui s'élancèrent vers les terres inconnues toujours plus vers l'Est, depuis au moins 4000 ans avant J.C.
Il est la version Fidjienne de notre "Hama Tafua" (origine Tonga), et l'ancêtre du gracieux et performant "Drua" (voir plus bas).
Alors
que les besoin de transport – de personnes, de marchandises –
s'intensifièrent, le « balancier » se transformât en
coque plus petite ou équivalente à la coque principale,
transformant petit à petit ces embarcations en de grandes pirogues
doubles à voile : le catamaran était né !
En haut : aux îles Samoas en 1910, quelques catamarans traditionnels de tailles moyenne (10-15 mètres) étaient encore entretenus, ancêtres lointains de nos catamarans occidentaux.
Au milieu : représentation artistique d'une flotte de catamaran "Pahi" des îles Marquises à l'époque des grandes migrations vers les différents points du triangle polynésien, vers 200 AV JC.
En bas : Début du 20ème siècle, une petite flotte de "Lakatoi" des pirogues de transport, était toujours en service sur les rives de Papouasie-Nouvelle Guinée.
La
carte d'évolution des « designs » du Pacifique ancien
(et au-delà...) d'après Hanneke Boon et James Wharram est très
parlante à ce titre :
Les
premiers occidentaux arrivés dans le Pacifique entre les 17ème et
18ème siècles ont pu constater l'utilisation de ces grandes
pirogues doubles (double canoes).
Aucun
élément ne nous permet de savoir depuis quand elles étaient
utilisées.
Les
scientifiques ne peuvent donc que faire des déductions en mettant en
relation les dates de colonisation effectives des différentes zones
du Pacifique, avec les distances à franchir pour les atteindre.
Les
grandes distances transocéaniques commencent à la fin du premier
tiers du Pacifique quand on se déplace d'Est en Ouest, c'est-à-dire,
à peu près juste après la Papouasie-Nouvelle Guinée.
Ainsi,
vers le nord-est, pour atteindre les Mariannes et/ou les Marshall
(colonisées en -1600 et -1500 AV JC), il faut parcourir entre 1800
et plus de 2000 km d'océan vide depuis le nord de la Papouasie.
Idem
pour la route d'Ouest en Est : il faut au minimum 1300 km pour
atteindre les Fidji (colonisés en -1100 AV JC) depuis Vanuatu.
Cette
distance n'est compatible avec une véritable
colonisation/installation de population humaine conséquente que si
l'on utilise de grosses embarcations capable « d'étaler mer »,
d'emporter des familles entières, des plantes, des animaux etc...
Les
sientifiques datent donc l'utilisation de ces grandes pirogues
doubles « de voyage » au minimum entre -1500 et -1100 AV
JC.
Pour
références, vers -1100 AV JC :
- Egypte : dynastie des Ramsès
- France : tout début de l'ère Celte
- Angleterre : fin de l'érection du site mégalithique de Stonehenge
- Domination des Phéniciens en Méditerranée
- Fondation de la grande ville d'Athènes : - 800
- Début de la fondation de Rome : - 753
- David est Roi de Judée vers - 900
- Amériques : les Mayas commencent leur stratification sociale qui mène à la civilisation Maya
Datation
des pirogues du projet MOANA NUI :
Chaque
pirogue de voyage du projet est originaire et spécifique d'une
partie du Pacifique sud :
Le
TONGIAKI :
Bateau
de voyage et de transport, originaire des îles Tonga, il a évolué
pendant des siècles, mais la forme de base de ses coques, sa voile
« pince de crabe » très caractéristique du Pacifique,
font penser qu'il s'agit du plus ancien design parmi les six pirogues
du Pacifique du projet MOANA NUI.
Son
profil laisse présager des performances importantes.
On
peut dater son utilisation – ou l'utilisation d'un modèle
légèrement moins évolué – à partir de – 1100.
Le
VA'A TELE :
Bateau
de voyage, le Va'a Tele, type ancien, est fin, rapide. Il dérive de
deux pirogues des Samoa à balancier, l'Amatasi et le
Soatau.
On
notera a regarder sa proue que les peuples du Pacifique avaient
pratiquement inventé le « bulbe ».
Cette
étrave particulière sera reprise largement à Tahiti, sur tous les
Te Pa'erua de transport et autre Va'a Motu à balancier inter-îles.
Datation
: possiblement autour de – 1000.
Le
PAHI de Tahiti :
Transport
et voyage, cette superbe grande pirogue double est emblématique des
grandes migrations Polynésiennes depuis les îles de la Société et
son centre religieux, le Marae de Taputapuatea sur l'île de
Raiatea (en phase de classification au patrimoine mondial de
l'UNESCO), vers les trois points du triangle Polynésiens :
Hawaii, Nouvelle Zélande et île de Pâques.
Ses
voiles, soit « demi-pince de crabes », soit « Mailu
claw » reservent de belles surprises en terme de performances.
On
peut estimer le début de son utilisation vers -400 AV JC.
TUAMOTU
PAHI :
Voyage
et surtout transport, depuis les autres îles de Polynésie, plus
fertiles, le Tuamotu Pahi a une apparence rustique, très
« préhistorique ».
C'est
sans doute le moins performant, mais aussi surement le plus
manoeuvrable, compte tenu de ses deux mats bipodes très éloignés
l'un de l'autre.
Utilisation
depuis -400 / -300 AV JC.
PAHI
des Marquises :
Très
semblable pour sa forme de coque au Pahi de Tahiti, il a cependant
deux caractéristiques propres :
.
Un pont plus bas sur l'eau, permettant l'usage de pagaie, si besoin
était, dans les calmes,
.
Une voilure bien caracteristique, « pince de crabe »,
mais sans mat, juste deux « antennes » et gréément
permettant de guider ses voiles comme des cerf-volants, avec juste un
point de fixation sur le pont.
C'est
la pirogue emblématique de la colonisation de Hawaii : la grande
majorité des pirogues de voyages Hawaiiennes seront en fait de type
marquisien.
Utilisation
: depuis -200 AV JC.
DRUA
des Fidji (et/ou Kalia des Tonga) :
Superbe
pirogue double, amphidrome, avec une coque plus petite, toujours au
vent, c'est sans doute la plus performante de toutes les pirogues du
projet MOANA NUI.
Elle
dérive directement des pirogues à balancier d'exploration et
inter-îles Camakau des Fidji et autre Hama Tafua des
îles Tonga, qui prééxistaient depuis au moins -4000 avant JC dans
les zones de la culture Lapita (jusqu'à la Mélanésie), puis elle
s'est développée principalement au Fidji, Tonga et même Nouvelle
Zélande (comme le Tongiaki).
Pirogues
« multirôles », les Druas étaient utilisées
pour le transport, le voyage, mais aussi la guerre, puisqu'elle
fût le « vaisseau de guerre » principal du fameux Empire
Tongien « Tu'i Tonga » qui commença
son expension sur tout le triangle Polynésien depuis +450 Après JC.
Elle
pouvait emmener alors une centaine de guerrier, armés de lances et
casse-têtes.
De
véritables « flottes » de Druas sillonnaient alors le
Pacifique, vers de nouvelles conquêtes guerrières.
Son
origine remonte donc à très loin dans la « préhistoire »
du Pacifique (sans doute aussi vers -1100 AV JC), mais sa forme
aboutie, telle que présente dans le projet MOANA NUI, se développa
probablement entre -400 et +450.
Et
enfin :
L'HAMA
TAFUA (de l'avant-projet) :
La
7ème pirogue du projet est bien plus petite, à balancier (pas de
double coque) et mesurera 12 mètres.
L'Hama
Tafaua est sans doute la plus « ancienne » des pirogues
du projet.
L'existence
de ce type de pirogue remonte sans doute au moins à – 4000 AV JC.
Elle
est l'exemple type de la pirogue que les Navigateurs Océaniens
utilisaient pour le cabotage et le transport léger inter-île
(produit de pêche, denrées diverses).
Bien
plus petite que les grandes pirogues doubles de voyage, très rapide
et maniable avec peu de bras elle était aussi utilisée pour la
découverte de nouvelles terres, toujours plus à l'Est.
Une
poignée d'intrépide navigateurs s'élançaient alors à son bord
depuis une île peuplée, et tentaient d'explorer d'autres terres,
vers une direction choisie suivant différents indices
environnementaux, ou bien encore suite à une divination.
Ils
choisissaient toujours de partir à la limite d'une bascule de vents
saisonniers contraires.
Ainsi,
si aucune terre n'était trouvée, les navigateurs n'avaient qu'à
patienter quelques jours en pleine mer afin que des vents saisonniers
contraires mais favorables se manifestent et leur permettent de
revenir à leur point de départ, leur île d'origine.
L'Hama
Tafua originaire des Tonga, existe aussi aux Fidji, sous une forme
plus éfilée nommée Camakau.
Les
experts estiment que le Drua fidjien (qui fait parti de notre flotte
de 6 grandes pirogues), dérivent directement de l'Hama Tafua dont il
est la version « double coque ».
Reprenant
sa fonction de découverte et d'exploration, l'Hama Tafua sera la
pirogue « formatrice » de l'avant-projet MOANA NUI,
celle sur laquelle nos « apprentis-navigateurs »
seront formés et testés à tour de rôle, depuis la Polynésie
française.
Elle
n'aura par contre pas pour vocation de suivre la grande expédition,
car sa construction, choisie pour être en « tout
traditionnel », n'est pas compatible avec une certification
« catégorie 1 », pas plus que ses aménagements, qui
seront pour ainsi dire plus que sommaires, voir inexistant, se
rapprochant au plus près des conditions de vie très spartiates qui
devaient régner sur ces pirogues d'exploration lointaine.
Aller à : "L'Avant projet Hama Tafua : l'heure de vérité"
http://moananui.blogspot.fr/p/lavant-projet-hama-tafua-lheure-de.html
Aller à : "L'Avant projet Hama Tafua : l'heure de vérité"
http://moananui.blogspot.fr/p/lavant-projet-hama-tafua-lheure-de.html